Compte rendu de la première phase de la concertation sur l’attractivité et la revalorisation du métier enseignant

Le 16 novembre s’est achevé le premier cycle de la concertation sur l’attractivité et la revalorisation du métier enseignant avec le ministère. Cette première phase avait pour objectif selon le ministère de « partager des constats » sur les questions de métier et de revalorisation.

C’est par le prisme de la question de l’attractivité et d’une pénurie des enseignant•es que le ministre lui-même est entré dans les discussions lors de la première séance. Tout au long de la phase de concertation, les aspects de carrière ont été abordés : évolution des salaires enseignants avec comparaison à l’intérieur de la FP et à l’international, mobilité, ORS, primes, indemnités. La DEPP, également présente dans toutes les réunions a pu rendre compte de l’enquête sur le temps de travail des enseignant•es ainsi que de celle effectuée par l’observatoire des rémunérations et du bien-être enseignant (ORBE).

Cette concertation, s’inscrit dans un cadrage budgétaire précis : 635 millions d’euros cette année, 1,6 milliard d’euros en année pleine et une provision de 300 millions d’euros sur les missions complémentaires. Ce budget est bien insuffisant pour obtenir des revalorisations conséquentes et il n’est pas à la hauteur de l’engagement de campagne du président, pour atteindre les 10% promis pour toutes et tous. Ce n’est pas 1,6 milliards mais 3,4 milliards qu’il faudrait.

L’enveloppe budgétaire concerne deux volets et les sommes ne sont pas fongibles entre elles. La première de 635 millions d’euros concerne la revalorisation inconditionnelle et la seconde de 300 millions d’euros sera soumise au « pacte ».

Les premières pistes envisagées par le ministère concernant la part inconditionnelle (635 millions d’euros) restent très floues concernant la deuxième moitié de carrière. Il serait envisagé une augmentation des rapports promouvables / promus. Si cela est nécessaire, cela ne résout rien pour les personnels déjà à la HC et à la CE, il faut refondre la grille pour avoir un véritable déroulement de carrière pour atteindre toutes et tous l’indice 1000 en fin de carrière.

Concernant « le pacte », aucune précision n’a été donnée alors même que le SNUipp-FSU a demandé des explications. Des pistes ont été avancées sur les missions supplémentaires qui pourraient être revalorisées : stages de remise à niveau, formation sur les vacances, tutorat, mentorat …

Ce que la FSU et le SNUipp-FSU ont pointé dans ces réunions de concertation :

● Une moyenne de rémunération inférieure à celle de l’OCDE (jusqu’à 19 % en milieu de carrière) ;
● Un décrochage salarial en France également : cadres de niveau A (Bac +5), les personnels enseignants ont un salaire moyen nettement inférieur à celui des cadres du secteur privé (4 230 € nets mensuels) comme des autres cadres de la Fonction publique (- 35 %) ;
● Un point d’indice dégelé cet été mais sans que cela comble l’inflation.
● Des personnels en fin de carrière qui n’ont que peu d’espoir d’être revalorisés.
● Un temps de travail qui déborde avec une moyenne de 43 heures de travail hebdomadaire pour les personnels enseignants, les 108 heures qui explosent avec depuis plusieurs années une augmentation des réunions liées à l’inclusion, 20 minutes d’accueil assurées par jour qui ne rentrent pas dans les 108 heures.
● Des inégalités salariales entre les hommes et les femmes, avec plus de temps partiels chez les femmes et des missions à responsabilité et mieux rémunérées pour les hommes.
● Une attractivité en berne chez les PE avec moins de candidat•es aux concours, une hausse des démissions et des ruptures conventionnelles.

Ce que la FSU et le SNUipp-FSU ont porté dans ces réunions de concertation :

● La nécessité de revaloriser l’ensemble de la profession, du début à la fin de carrière. Les milieux et fins de carrière ont été oubliés par la prime Grenelle.
● Une revalorisation sans contrepartie : le temps de travail des PE explose et dans ce contexte il n’est pas possible de leur demander de travailler plus.
● La demande de reconnaissance du temps de travail des PE en les rémunérant à la hauteur des missions déjà réalisées en dehors de la classe (concertations, suivi et accompagnement des élèves) par le doublement de l’ISAE.
● Le constat que toute mission supplémentaire demandée en dehors du temps de travail (mercredi, pendant les vacances) risquerait d’augmenter les inégalités femmes/ hommes. Le SNUipp-FSU demande une étude d’impact sur cette question.
● L’urgence d’une revalorisation conséquente pour avoir un effet sur l’attractivité des métiers : dans l’immédiat c’est + 300€ nets par mois pour toutes et tous. La dernière réunion aura été l’occasion de remettre la pétition mise en place par le SNUipp-FSU (près de 47 000 signatures)

Au terme de cette première phase de concertation, le SNUipp-FSU a pu facilement démontrer à l’administration qu’il est urgent de revaloriser nos salaires sans contrepartie, que le temps de travail explose et qu’on ne peut pas attirer ou conserver des personnels dans l’éducation nationale en leur demandant de travailler plus. Face à cela, les premières réponses du ministre sont insatisfaisantes et loin d’être à la hauteur de l’enjeu.

La remise de la pétition aura permis de montrer que la profession est très en attente d’une revalorisation pour toutes et tous sans contrepartie. Ce sont sur ces bases que le SNUipp-FSU engagera la prochaine phase de négociation qui démarrera en janvier et qui devra aboutir en février.

Salaire et attractivité du métier : bilan du premier cycle de concertation

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